Je n'accorde que peu de crédit à l'action politique. Je ne crois pas que les vrais changements, les plus profonds, les plus importants, et surtout les plus respectueux de l'être humain et de la planète (les deux sont indissociable, une seule et même entité) viennent de la sphère politique. À l'inverse, l'action de la conscience, de la conscience de l'autre et du monde, bien que lente à se mettre en place, car elle nécessite que chaque individu s'ouvre et fasse passer le message humain à son prochain, est capable d'écraser tout sur son passage et d'aboutir ainsi à des changements majeurs, pas des rustines sur une jambe de bois. Prenons un exemple : la révolution française. Il est difficile de définir la portée politique et la force d'une révolution. D'ailleurs, la révolution française, si je ne m'abuse, n'était pas politique, mais l'expression du ras-le-bol du peuple face au système en place, et de son désir d'être plus heureux, et surtout de pouvoir manger à sa faim. Une révolution n’est donc pas le fruit de l’action politique, c'est une chose bien plus simple et bien plus forte. Une révolution, c'est avant tout une conscience individuelle qui se révolte devant une injustice. Seule, cette conscience n’a pas d’avenir politique, mais quand cette conscience commence à être partagée par le plus grand nombre elle devient irrésistible, elle devient révolution. La première nécessité pour un individu est donc de développer sa curiosité, son ouverture et au final sa conscience afin d'être capable de faire la part des choses dans le courant de pensée dominant, conformiste, fade, terne, insipide, absurde, aliéné et débilitant que n'ont de cesse de promouvoir des hommes excessivement conscients de leur intérêt personnel, tels que les politiciens ou les lobbies commerciaux, ou des personnes n'ayant qu'une conscience minimale, voire nulle des répercussions de leurs actes. Les politiques, régulièrement, affirment que la jeunesse est l'avenir du pays, et que donc leur formation est essentielle, la priorité. Entièrement d'accord, développer la connaissance, la culture, la capacité à penser librement est la plus belle invention de l'homme. Mais hélas, dans les faits, les crédits affectés à l'enseignement et à l'éducation diminuent année après année, et les réformes du secteur visent à développer la capacité à penser conformément à la masse, conformément aux principes capitalistes. L'enseignement ne vise pas à développer la conscience de l'individu mais à assurer la pérennité du système. Comment faire évoluer les choses, alors ? Il suffit d’en être suffisamment conscient pour que cela crée en nous un sentiment durable de révolte, faire partager cette nouvelle conscience éveillée, et ne jamais cesser de développer son niveau de conscience afin que le sentiment de révolte ne vienne pas à se faner.
Fushichô 27 novembre 2007
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