L'un des concepts qui me soulent dans le capitalisme, c'est cette idée de développement. Dans une certaine mesure, je la comprends, voire la soutien, mais je ne pense pas que le développement, la croissance soit un but en soi. Je me suis mis à mon compte il y a un an et demi. Évidemment, la phase de croissance est importante, cruciale, car il faut bien que j'ai des clients pour avoir de l'argent pour pouvoir manger, me loger, payer mes factures. Mais pourquoi vouloir toujours plus ? Pourquoi est-ce que je devrais constamment chercher de nouveaux clients, augmenter mes tarifs, accepter plein de travail, sous-traiter, créer un réseau, puis à terme devenir l'équivalent d'une agence de traduction, avec plein d'employés, de sous-traitants, de clients dans le monde entier, etc.? Moi, je suis pour l'autosuffisance. Une fois aue j'ai suffisamment de travail pour payer loyer, factures, nourritures, une fois que mes besoins sont couverts, quel est l'intérêt de chercher à tout prix et en permance la croissance ? Bien sûr, si je gagne plus, je pourrais changer d'appart, voyager, payer des restos à mes potes, me faire tatouer encore et encore, faire des dons plus conséquents ou à plus d'associations, etc. Je trouverai toujours quelque chose à faire de mon argent si j'en avais plein. Mais cette obsession du développement fait complètement perdre de vue qu'on est depuis longtemps dans le superflu, que depuis longtemps on a couverts ses besoins fondamentaux ! La réflexion ci-dessous, tirée du site No pasaran, aborde ce problème du développement comme but en soi en questionnant le rôle des ONG sous un angle qui me semble particulièrement intéressant.
Face à la mondialisation : un autre développement ? Face à la mondialisation, les critiques se sont portées vers les organismes internationaux : FMI, Banque Mondiale, OMC… La mondialisation correspond essentiellement à une occidentalisation de la planète avec tous les rapports d’exploitation, de domination, d’organisation économique, d’uniformisation culturelle que cela induit. Or, certains mouvements « anti-mondialisation », organisations non gouvernementales ou associations de solidarité internationale (que nous nommerons d’un terme réducteur mais pratique ONG) posent l’alternative en parlant d’un « autre développement » pour les pays du Sud. Est-ce réellement une alternative ? Leurs projets vont-ils vraiment à l’encontre de la mondialisation ? L’oppposition se situerait par le fait que les organismes internationaux proposeraient un développement par le haut (Top Down) tandis que les ONG offriraient un développement par le bas (Bottom Up). « Le développement reste une entreprise dont le but est la croissance, l’accumulation, avec comme valeurs le rationalisme, le progrès. » De plus, lorsqu’une ONG, avec une générosité admirable, offre une machine à moudre le mil, elle ignore trop souvent qu’elle participe à la destruction d’une forme d’organisation de la société. Les conséquences peuvent à terme être profonde : éclatement de l’unité familiale comme lieu de production et de consommation, modification du rapport hommes/femmes, monétarisation de la société, intégration de l’esprit de concurrence… Certes, les sociétés se détruisent et se reconstruisent, mais est-ce aux ONG d’imposer, de guider ces changements ? « Le développement, une entreprise paternaliste. » La légitimité des ONG, depuis quelques années, s’est construite autour de l’idée que les projets réussissent s’ils correspondent à un besoin exprimé, sont dirigés, conçus par les personnes concernées, assurent une autonomie financière par rapport à l’extérieur et correspondent aux mentalités de ceux à qu’ils sont destinés (Condamine, 1991). En réalité, la majorité des projets sont des initiatives venues du Nord, pensées au Nord quoiqu’on veuille nous faire croire. D’ailleurs, l’octroi de fonds occidentaux est conditionné par la faisabilité de ces projets selon des critères propres à notre société. La Grameen Bank, banque créée au Bangladesh dans le but d’offrir du crédit aux pauvres, est censée être un exemple de projet initié au Sud. Son instigateur Mohammed Yunus est Bengali. Néanmoins, il n’a pas ciré les bancs des facultés du Bangladesh mais celles des Etats-Unis. Son projet est donc largement inspiré d’un mode de vie, d’un enseignement occidental qu’il veut instauré au Bangladesh. Pour les ONG, la résolution des problèmes que connaissent certains peuples ne se fera que par des solutions économiques. Comme si l’économique était la base de tous leurs problèmes. Les famines sont l’exemple type de cette abérration. La raison des dernières famines en Afrique n’a pas pour origine un dysfonctionnement du processus de production mais bien les conflits, les guerres… En outre, les ONG participent à la création d’une image faussée des pays du Sud, et notamment de l’Afrique. Par des campagnes de pub, visant à introduire un sentiment de pitié, ils encouragent la vision pessimiste du continent africain qui serait un continent où il n’existe pas d’école, où tout le monde meurt de faim, dont la guerre est le sport favori. « En économie, le but n’est rien, le développement est tout » Il ne s’agit pas ici de dire que l’action des ONG est la même que celle du FMI. Il ne s’agit non plus de dire que toutes les ONG font exactement le même travail. Il s’agit encore moins de dire que les ONG de l’humanitaire auraient dû laisser les famines se résorber elles-mêmes. Il s’agit simplement de s’interroger sur leurs actions. Il s’agit d’affirmer que les conséquences sont d’imposer à la planète un mode de vie occidental comme le souhaite les organismes internationaux. D’ailleurs, le président de Max Havelaar France, ONG qui s’occupe de développer le commerce équitable, précise bien que le commerce éthique est « une façon d’agir, non contre la mondialisation, mais contre les effets négatifs de celle-ci » (Faujas, 1999). Bibliographie Condamine J.L. (1991), Créer, construire, partager. L’action humanitaire en Afrique, un projet d’avenir, Les Editions de l’Ancre
Fushichô 30 mai 2008
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