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C'est un texte que j'ai découvert en regardant Dans la peau de Jacques Chirac, le film de Karl Zéro. Je le trouve particulièrement beau, en ce qu'il décrit exactement ce que d'autres appellent "la voie du milieu", qui consiste à éviter les extrêmes. Être brave sans être imprudent, fort sans cesser d'être tendre, tout perdre et tout recommencer, sans se lamenter (une leçon également donnée par les victimes thaïlandaises du tsunami le 26.12.2004 qui ont perdu leurs biens et de nombreux membres de leur famille et qui ont repris rapidement le cours de leur vie ; et dire qu'il y en a qui pleurent en se cassant un ongle...), tout cela fait d'un fils un Homme (ou d'une fille une Femme, je suis pas misogyne). Non seulement cette voie permet de grandir, mais ce texte nous dit aussi que c'est par soi-même qu'on arrive à transcender les rois, les dieux, la chance et la victoire. On a en nous-mêmes la force d'abattre tous les obstacles, et rien n'est déterminé à l'avance. On a tout notre libre-arbitre pour agir, pas de dieux, pas de hasard, pas de chance, pas de destin qui nous traceraient notre route.
Je trouve dans ce texte une énorme leçon de vie. Notre vie nous appartient, ayons le courage de la conduire, mais soyons également humble pour ne pas céder à la force et à la puissance que cette prise en main peut nous donner ce qui, le cas échéant, nous conduirait à notre perte de toute façon.

 

Tu seras un Homme, mon fils

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d'amour ;
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n'être qu'un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront ;
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.

 
Rudyard KIPLING  


Fushichô

3 novembre 2007

 

Tu seras un homme, mon fils
 
© 2010 Fushichô